Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

C'était une bâtisse en marne battue et séchée, que soutenaient des pans de bois croisés en X. La toiture de roseaux était haute et svelte, comme si elle eût essayé de relever le style épais de la maison.
Dans ce pays plat et gras, le pittoresque fait défaut ; alors comme aujourd'hui, c'était du blé dru et bien venu sous des pommiers difformes et sur de la marne labourée.
Terre grisâtre comme du savon de ménage ou noire comme du brai en fusion ; moulins à vent qui ne tournent guère ; masures ennuyées derrière leur haie jaune et portant leur toiture de roz près du sol, comme un gars innocent et frileux qui rabat jusqu'au menton son gros bonnet de laine.
Bon pain, cidre gluant, sang de Bretagne mêlé à sang de Normandie, querelles au bâton, querelles à l'écritoire : deux hommes de loi pour un médecin, un médecin pour un quart de malade, quatre malades pour un homme en santé.
Tournez la tête, faites trois cents pas, vous quittez la boue, vous trouvez le sable, la grève, le vent vif, les pêcheurs découplés comme des héros : la vraie Bretagne.
On est enfoui sous ces odieux pommiers. Mais ils sont si bas ! Pour voir l'horizon immense, il suffit de se hausser sur un trou de taupe.
Dol ! heureux pays de gros marrons et des procès incurables !
Contrée sans prétention, à l'abri de toute poésie ! Dol ! ville naïve qui possède un joyau pour cathédrale, et qui entend la messe dans une grange ! Dol ! cité druidique d'où les épiciers raisonnables ont chassé les bardes fous !
Salut et prospérité ! Bon pain, cidre gluant, pommes de terre guéries, voilà les souhaits qu'on forme pour ton bonheur !
Le village de Saint-Jean était trop près de la grève, bien qu'il ne la vît point, aveuglé qu'il était par six châtaigniers et trois douzaines de pommiers, pour ne pas secouer cette torpeur lymphatique qui endort le Marais. Il y avait autant de coquetiers que de garçons de charrue au village de Saint-Jean, et le Bief-Neuf y amenait l'eau de la mer aux grandes marées, jusqu'à la porte de la grange.
Simon Le Priol était à la tête du village de plein droit et sans conteste.
Après lui venait maître Gueffès, être hybride, moitié

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