Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

Les Mathurin le contemplaient avec admiration. Frère Bruno leur assigna leur poste de travail et entonna la ronde du pays de Vannes :
La beauté, de quoi sert-elle
Ligèrement belle hirondelle,
Ligèrement ?
El' sert à porter en terre,
Ligèrement, blanche bergère.
Ligèrement !
Il chantait cela, le frère Bruno, d'une belle voix de vêpres, sur un de ces airs tristes et bizarrement rythmés que l'on ne trouve qu'en Bretagne.
C'était de la gaieté, mais de la gaieté bretonne, qui donne aux noces même une bonne couleur d'enterrement.
Les gars se prirent à travailler en mesure comme les matelots au cabestan.
La besogne allait, le moine chantait :
As-tu la chanson nouvelle,
Ligèrement, belle hirondelle,
Ligèrement ? La chanson du cimetière,
Ligèrement, blanche bergère,
Ligèrement !
La fable d'Orphée se renouvelait. Les pierres dansaient au son de cette musique. Les gars se démenaient.
-Holà ! les filles ! cria le frère Bruno, je ne peux pas tout faire, moi ! Venez donc chanter pendant que nous peinons.
Les filles qui s'ennuyaient toutes seules ne demandaient pas mieux. Le troisième couplet, un peu plus lugubre que les deux premiers, s'entonna en choeur, bien joyeusement. Le quatrième, ou bière rime avec bergère, fut chanté en sautant. Au cinquième, on ne se sentait plus d'allégresse.
Au sixième, les Gothon, les Catiche, la Scholastique, les Suzon, Simon Le Priol et sa grave ménagère elle-même remuaient la terre en gavottant comme des bienheureux.
L'enceinte s'élevait. Quand le vieux Maurever, Aubry et Reine sortirent de la tour, ils étaient dans une véritable forteresse.

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