Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

Oh ! comme elle va vite !
N'est-ce pas elle déjà, ce froid qui vous glace les pieds ?
On ne sait, je le dis encore, on ne sait, car le sang s'est précipité au cerveau. La fièvre tremble, puis brûle.
Et cette morne solitude, ce brouillard lugubre et gris vont se peupler de visions folles.
Écoutez ! ce n'est plus la mer, c'est le rêve.
On chante vêpres à la paroisse aimée. Ils sont tous là, les parents, les amis.
Derrière le pilier, voici la préférée qui est là et qui prie.
Douce fille ! que Dieu te fasse heureuse !- N'a-t-elle pas tourné sa tête brune, coiffée de la dentelle normande, pour lancer à la dérobée un regard au fiancé ?
Un seul regard, car deux distractions annulent une prière.
Mais ce ne sont pas les vêpres, non. Matheline a des fleurs d'oranger sur le front. A-t-on des fleurs d'oranger un autre jour que le jour du mariage ?
Quoi ! c'est la messe des noces ! le père avec ses cheveux blancs, la mère qui a les yeux mouillés de larmes heureuses.
Et la petite soeur espiègle, Rose, la fillette aux yeux malins.
Quelque jour tu te marieras, toi aussi, petite soeur.
-Merci, mes amis ; oui ; je suis bien content, oui, ma fiancée est bien belle ! Merci Pierre, merci René... vertubleu ! puisque voici la messe finie, à table ! et buvons à ma douce Matheline !
Elle est émue ; le rouge lui vient à la joue. Elle cache sa tête dans le sein de sa mère.
On n'a ces chères angoisses qu'une fois dans la vie. Une fois dans la vie seulement on porte la couronne d'oranger.
Rougis, jeune fille, et souris derrière tes larmes.
Oh !... mais la table oscille et tombe. Où sont les convives joyeux ?
Où est Matheline, l'épousée ? Pierre, René, le père avec ses cheveux blancs ? la mère pleurant et riant, Rose, la petite sœur aux yeux malins ?
Le brouillard gris, silencieux, livide...
-Au secours ! Seigneur, mon Dieu ! au secours ! Hélas ! la voix tombe à terre, brisée. Dieu n'entend pas. C'est la dernière heure. Il y a dans la brume des éclats de rire lointains. Des gémissements leur répondent. Le sable gonflé pousse ces bizarres soupirs qui semblent l'appel des victimes d'hier à la victime d'aujourd'hui.

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