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                il fut convenu que la guerre serait faite au monstre. 
                Le roi ordonna un jeûne rigoureux de trois jours, et l'élite 
                des soldats étant réunie à Armagh, on résolut 
                d'attaquer le serpent, le jour de la fête de saint Patrice. 
                
                La bête se trouvait à une lieue de la ville, dans 
                une lande découverte, loin des forêts; on pouvait, 
                ainsi, l'approcher plus facilement et la cerner de tous côtés. 
                
                Le matin, les guerriers s'avancèrent, armés de javelots, 
                d'épées et d'arcs aux flèches empoisonnées. 
                Les clercs portaient, devant la troupe, des croix et des bannières 
                et, dans des châsses précieuses, les reliques 
                des saints, honorés en Irlande. Cependant tous tremblaient; 
                malgré leur foi et leur courage, 
                ils semblaient marcher au supplice. 
                Ils aperçurent, enfin, l'horrible bête et une lutte 
                se livra dans leurs esprits pour savoir s'Ils attaqueraient le 
                monstre ou s'ils prendraient la fuite. 
                Mais leur confiance en Dieu leur étant revenue, ils assailIirent 
                le serpent, lui jetant des javelots et des flèches, en 
                poussant d'immenses clameurs. 
                Le monstre demeurait immobile; on eût dit qu'Il dormait 
                et même qu'il était mort. Ceux dont le cœur 
                était le mieux trempé approchèrent de la 
                bête, implantant dans son corps leurs lances, leurs flèches 
                et leurs épées. Miracle ! La bête etait bien 
                morte; et, de sa gorge, un noir filet de sang coulait d'une petite 
                blessure que les lrlandais n'avaient cependant pas faite !