romane
au sommet, sa Merveille colossale, éclairée par
des meurtrières lancéolées et des rosaces
flamboyantes, flanquée de
contre-forts prodigieux, que, deux siècles
auparavant, les moines avaient élevée pour la gloire
de Dieu et le salut de la France.
C'était au sein de ces murailles crénelées,
derrière ces remparts hérissés d'échauguettes,
que vivaient à cette époque, une cinquantaine de
moines et une centaine de chevaliers, poignée de héros
contre lesquels se brisait l'effort incessant des Anglais, appuyés
par une flotte barrant la baie, du cap de Granville
à la pointe de Cancale.
De Champeaux à Genêts,
l'étape fut charmante; le chemin qui serpentait à
travers les dunes pleines de chardons bleus et de tamaris rosés,
côtoyait presque la mer et les pèlerins avaient constamment
devant leurs yeux le but si désiré de leur voyage.
Arrivés au bourg de Genêts, ils visitèrent
avec respect et curiosité la jolie église que le
roi d'Angleterre, Henri II,
avait si largement dotée. Genêts, quoique dévoué
à la cause française, était occupé
par des troupes insulaires; c'était un centre adrninistratif
des autorités ang]aises; ce fut là que Jean Douville
dut exhiber, sur réquisition, les sauf-conduits qu'il avait
obtenus pour sa nièce. et pour lui et justifier du paiement
des taxes imposées; les pièces étant régulières
furent visées sans difficulté, mais les pèlerins
furent fouillés, de crainte qu'ils ne fussent porteurs
de communications pour les assiégés. Le prêtre
même fut tenu de prêter serment devant l'officier
du