"LE MONT SAINT-MICHEL" par Emile Baumann Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

semaine elle n'arriverait pas jusqu'au Mont. La digue n'est point la seule coupable : par un rythme de sagesse, la mer se chasse elle-même des grèves; l'énorme remblai qu'elle vomit à chaque marée la refoule des espaces où elle se déversait chaque jour autrefois. Si j'étais venu pour elle, sa défection m'irriterait; mais il est facile de se représenter les vagues enserrant l'îlot, l'ombre invertie des pignons, la statue de Saint Michel oscillant au milieu des lames, l'immobile et l'instable coïncidant.
En haut, je reconnais la fameuse salle des Chevaliers; c'était, croit-on aujourd'hui, un atelier, un chauffoir et une bibliothèque. Peu importe; les moines qui eurent l'idée de cette construction ne ressemblaient-ils pas à un Ordre de chevalerie ? Leur fierté de caste s'est inscrite dans la quadruple travée des colonnes; elles ont l'air de tenir chapitre (1). Le soleil

1 : On ne sait au juste où les moines tenaient chapitre. Il y eu un projet de salle capitulaire, elle aurait fait suite au cloitre, vis-à-vis du réfectoire. Quelques blocs des assises ébauchées en vue de cette construction restent saillants hors de la muraille occidentale, sous les grandes baies qui éclairent la galerie.

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