Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

De l'autre côté du Couesnon, il fallait décidément entrer en grève ou prendre le chemin des bourgs normands qui avoisinent la côte.
Ce chemin tourne le dos au Mont-Saint-Michel ; et, d'après la première direction suivie, Jeannin pensait bien que la fée allait vers le Mont-Saint-Michel.
Il n'y eut pas longtemps à douter. La fée, après avoir jeté encore un regard derrière elle, fit un brusque détour et se lança dans les sables à pleine course.
Les sables ! c'était l'élément de Jeannin. Il serra la corde qui lui servait de ceinture, et se remit à jouer des jambes.
La lune sortait des nuages. La grève s'illuminait. On pouvait voir la cavalcade du manoir de Saint-Jean qui allait ça et là au hasard, sur les tangues, tantôt s'éloignant, tantôt se rapprochant du Couesnon. Jeannin et celle qu'il poursuivait étaient déjà trop loin pour qu'il y eût pour eux grand danger d'être aperçus.
Ils couraient maintenant, à cinquante pas l'un de l'autre, sur un terrain uni comme une glace.
Et il n'y avait pas à dire, le petit Jeannin gagnait à vue d'oeil.
Le pas de la fée était toujours léger et rapide, mais Jeannin, qui la dévorait des yeux, croyait découvrir déjà quelques symptômes de fatigue. Son courage en devenait double, et il se disait encore :
-Elle est à moi ! elle est à moi ! Il ne savait pas que les fées sont généralement d'un naturel assez moqueur. Simon Le Priol, qui était très fort sur les fées, aurait pu lui dire cela. Les fées se laissent approcher par le pauvre garçon qui les poursuit : elles l'encouragent par une fatigue feinte : elles l'amorcent : quand il va se lasser, elles trouvent moyen de le piquer au jeu.
Tant qu'il a un souffle, il court.
Puis, au moment où il croit saisir la fée, la fée s'envole en riant.
Et il tombe à plat ventre, suant et geignant.
Bien heureux si le lutin mignon ne l'a pas attiré dans quelque trou !
C'était un ignorant que ce petit Jeannin.
Prendre une fée à la course ; prendre la lune avec ses dents ! On surprend les fées, on ne les prend pas.

Sommaire du livre La Fée des Grèves de Paul Féval

PAGE
SUIVANTE
La Fée des Grèves

RETOUR AU SOMMAIRE DU SITE MONT SAINT MICHEL - MONT SAINT MICHEL

Partenaires