Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

J'avais pour armes mon épieu et mon couteau.
Un bon épieu, Reine, fort comme une lance et pointu comme une aiguille.
J'attachai maître Loys au tronc d'un châtaignier, et je lui dis :
«Couche !», il ne bougea plus.
Le daim arriva, trottant dans le taillis ; maître Loys faisait le mort.
Quand le daim passa, je lui plantai mon épieu sous l'épaule ; il tomba sur ses genoux, et je l'achevai d'un coup de couteau dans la gorge.
Maître Loys poussa un long hurlement de joie.
Et alors ! comme si ce cri eut évoqué une armée de démons, la forêt s'illumina soudain. Des torches brillèrent à travers les arbres, la trompe sonna. Je vis des cavaliers qui accouraient au galop, excitant des chiens lancés ventre à terre.
Je me dis :
-Voici les fils d'Isaac Hellès le juif, qui viennent avec leur meute pour me tuer.
D'un revers, je coupai la courroie qui retenait Loys, et je pris mon épieu à la main. Loys ne s'élança pas. Il resta devant moi, les jarrets tendus, la tête haute. Les juifs criaient déjà de loin : Sus ! sus !
Il y avait un grand chêne qui s'élevait à la droite de la voie ; j'allai m'y adosser, pour ne pas être massacré par derrière.
À ce moment-là même, les fils d'Isaac, avec leur meute et leurs valets, tombèrent sur nous comme la foudre.
Je vois encore leurs visages longs et cuivrés à la rouge lueur des torches.
Vous dire exactement ce qui se passa, Reine je ne le pourrais pas, car je ne le sais guère moi-même.
Un tourbillon s'agitait autour de moi. Je recevais à la fois des coups par tout le corps. Mon front s'inondait de sang et de sueur.
Je me souviens seulement que je disais de temps en temps, machinalement et sans savoir :
-Hardi ! maître Loys !

Sommaire du livre La Fée des Grèves de Paul Féval

PAGE
SUIVANTE
La Fée des Grèves

RETOUR AU SOMMAIRE DU SITE MONT SAINT MICHEL - MONT SAINT MICHEL

Partenaires