Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

Mon vieux père, qui n'y voyait plus, ne sut pas que j'étais blessé. Il fit en souriant, avec les lombes du daim, son dernier repas qu'il trouva fort bon, et puis mourut.
Telle fut la conclusion du récit d'Aubry.
Comme Reine écoutait encore, il ajouta :
-Que Dieu me donne cette joie de me voir, avec maître Loys à mes côtés et une arme dans la main, au milieu des soudards de mon cousin Méloir, je ne lui demande pas autre chose !
-Vous êtes brave, Aubry ! dit Reine doucement ; vous serez un capitaine ! Oui, vous avez raison, si vous étiez libre, nous pourrions sauver mon père.
-Eh bien donc, s'écria le jeune homme en donnant le premier coup de lime au barreau, travaillons à ma liberté ! L'acier grinça sur le fer.
Aubry était bien mal à l'aise, mais il y allait de si grand coeur !
-Et maintenant, Aubry, dit Reine après quelques instants, que Dieu soit avec vous ; je vais me retirer.
-Déjà !
-Il y a deux jours que mon père m'attend.
-Mais la mer est haute !
-Elle baisse. Et s'il reste de l'eau entre Tombelène et le Mont au point du jour, il faudra bien que je la traverse à la nage.
-À la nage ! se récria Aubry ? ne faites pas cela, Reine, le courant est si terrible !
-Si je traversais de jour, on me verrait, et la retraite de mon père serait découverte. Aubry ne trouva pas d'objection, mais toute son allégresse avait disparu.
La lune tournait en ce moment l'angle des fortifications. Un reflet vint à l'épaule de Reine, puis la lumière monta lentement, se jouant dans les plis de son voile noir et parmi ses cheveux blonds.
-Quand je traverserai la mer à la nage, dit Reine, je serai moins en danger qu'ici, mon pauvre Aubry.

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