Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

malheur, l'eau du Couesnon s'enfla comme le lait bouillant qui franchit les bords du vase.
Le vent soufflait du nord-ouest ; la pluie tombait, la terre tremblait.
La plaine était couverte d'eau.
Quand vint le matin, on vit que le Couesnon débordé, c'était la mer. La mer qui avait rompu les barrières posées par la main de Dieu. Elle arrivait, sombre, houleuse, charriant des arbres déracinés et des cadavres de bestiaux. L'église de Saint-Vinol était située sur une hauteur. Les gens du bourg s'y réfugièrent.
Amel et Penhor, qui avaient emmené leur enfant, restèrent à la porte, parce qu'il n'y avait plus de place dans la nef. L'eau montait, montait. Amel prit sa femme dans ses bras. Ils avaient de l'eau jusqu'à la ceinture. Il dit :
-Adieu, ma chère femme. Soutiens-toi sur moi ; peut-être que l'eau s'arrêtera enfin. Si je meurs et que tu sois sauvée, ce sera bien.
Penhor obéit. L'eau montait. Quand l'eau toucha sa ceinture, Penhor éleva le petit Raoul, disant :
-Adieu, mon enfant chéri. Soutiens-toi sur moi ; peut-être que l'eau s'arrêtera enfin. Si je meurs et que tu sois sauvé, ce sera bien.
L'enfant fit ce que lui disait sa mère.
L'eau montait toujours, toujours. Bientôt, il ne resta plus au-dessus des vagues courroucées que la tête blonde du petit Raoul, et un pan de sa robe bleue qui flottait.
Or, la Vierge de l'église de Saint-Vinol quittait en ce moment sa niche submergée, afin de s'en retourner au ciel.

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