Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

-C'est désolant, je ne dis pas non, car je travaille, moi, pendant ce temps-là, mon cousin Aubry. Si bas que soit le duc François, j'ai toujours bien une quinzaine devant moi, et je m'en demande pas tant, par Dieu ! Dans trois jours j'aurai fait mon affaire...
-Trois jours ! répéta Aubry plaintivement.
-Au plus tard. J'oubliais de te le dire : cette fatigue qui m'oblige à m'asseoir sur ta paille vient de ce que j'ai fait un petit tour de chasse cette nuit dans les grèves.
-Ah ! fit Aubry qui se redressa ; j'avais bien cru entendre...
-Les cris de ma meute ? interrompit Méloir ; ah ! les chiens endiablés ! Quelle vie ils ont menée ! Figure-toi qu'ils sont venus jusque dans les roches au pied du Mont. Cette nuit nous les mènerons à Tombelène.
Un frisson courut dans le sang d'Aubry, mais il garda le silence.
-D'ailleurs, poursuivit Méloir, c'est du luxe que cette meute. Je l'ai fait venir pour me donner des airs de grandissime zèle, car je sais un coquin qui me mènera, dès que je le voudrai, à la retraite de Maurever.
Aubry ne respirait plus. Le chevalier s'arrangea sur la paille et chercha ses aises.
-Ce n'est pas là le principal, dit-il ; ce que je veux t'apprendre, c'est ce qui a trait à notre fameuse partie, c'est le moyen que j'emploierai pour obtenir la main de notre belle Reine.
-La violence ? murmura Aubry.
-Fi donc ! tu ne me connais pas. La belle avance de se faire craindre, pour en arriver à menacer comme un brutal ! Ce ne serait vraiment pas la peine. Se faire craindre, mon cousin Aubry, c'est comme je te l'ai dit déjà, le grand secret d'amour, mais à la condition d'avoir en soi, quand on use de ce cher talisman, tout ce qu'il faut pour plaire. Or, malgré les quinze ou vingt années que j'aie de plus que toi, Aubry, mon ami, je porte encore assez galamment mon panache ; ma jambe n'enfle pas trop le cuissard : regarde ! et dans ce corselet d'acier, ma taille conserve sa souplesse. La violence ! sarpebleu ! les voilà bien, ces jouvenceaux, qui frapperaient les femmes s'ils ne soupiraient pas en esclaves à leurs pieds ! Nous autres chevaliers,- et Méloir se redressa, ma foi, d'un grand sérieux,- nous

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