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"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

était triste en cet endroit-là. Simonnette avait la larme à l'oeil, parce que le petit Jeannin, étant devenu un homme de guerre, ne s'occupait plus d'elle autant qu'elle l'aurait voulu.
Les choses étaient bien changées, rien que depuis l'avant-veille, jour de la Saint-Jean. Ce soir-là, souvenez-vous-en, le petit Jeannin avait ses pieds nus dans les cendres si humblement ! Et, pour une fois qu'il osa prendre la parole, on le fit taire.
Mais il avait été pendu depuis lors, et cela forme un jeune homme.
Son importance grandissait à vue d'oeil, les Gothon le regardaient ; les Mathurin le jalousaient. On prétendait que deux Suzon, dont nous n'avons point parlé encore à cause de l'abondance des matières, l'avaient effrontément demandé en mariage.
C'était un personnage.
-Peau-de-Mouton, mon joli blondin, lui dit frère Bruno, je me fais maître-maçon, et je te prends pour ma coterie. À ce coup Jeannin se redressa ; sa position était désormais officielle.
Il jeta un regard vers la courtine, où les femmes étaient rassemblées, et prit le pas sur tous les Mathurin.
-Je ferai de mon mieux, frère Bruno, répliqua-t-il avec une orgueilleuse modestie.
-Apporte-moi cette roche, mon garçonnet, reprit le moine en montrant un pierre presque aussi grosse que Jeannin. Jeannin s'y prit vaillamment, mais son effort n'ébranla pas même la roche. Les Mathurin se mirent à rire.
-Vous qui riez, dit le moine, mettez-vous quatre et faites ce que le blondin n'a pu faire. Les Mathurin suèrent sang et eau ; la pierre ne bougea pas.
-Oh ! oh ! s'écria le frère Bruno ; on dit que les gars du Marais ont des mains de beurre. Voyez ce que vaut la moitié d'un moine !
Il saisit la roche et la porta, l'espace de dix pas, jusqu'à l'enceinte improvisée.
Tout en la portant, il disait :
-Personne de vous n'a connu Robin de Ploërmel, qui écrasa la queue du diable ? Je vous réciterai sa légende au souper. À présent, travaillons, mes mignons, car nous aurons du nouveau cette nuit.

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