Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

-Moi, je défendrai Reine ! s'écria Aubry, fallût-il mettre en terre Méloir et tous ses hommes d'armes. Maurever croisa ses bras sur sa poitrine.
-Nous en sommes là, dit-il, chacun pour soi !... Et qui sait si ce n'est pas la loi de l'homme !


* * *

À ce moment, la nuit était tout à fait tombée.
Le ciel n'était point clair comme la nuit précédente. La grande marée approchait, amenant avec soi les bourrasques sur terre et les nuages au ciel.
Il faisait vent capricieux, soufflant par brusques rafales.
Le firmament d'un bleu vif, semé d'étoiles qui brillaient extraordinairement, se couvrait à chaque instant de nuées noires.
Les nuées allaient comme d'énormes vaisseaux, toutes voiles dehors. Elles mangeaient les étoiles, suivant l'expression bretonne.
À l'Orient, quand l'horizon se découvrait, on voyait le disque énorme et rougeâtre de la pleine lune qui sortait à moitié de la mer.
Cela était sombre, mais plein de mouvement. Quand la lumière de la lune fut assez forte pour argenter le rebord des nuages, tout ce mouvement s'accusa violemment, et le ciel présenta l'image du chaos révolté.
Dans leur petite cabane improvisée, Reine et Simonnette étaient seules. Simonnette s'asseyait aux pieds de Reine, à qui on avait fait un banc d'herbes et de goémons desséchés.
-Tu l'aimes donc bien, ma pauvre Simonnette ? disait Reine en souriant.
-Oh ! chère demoiselle, je ne le savais pas hier. C'est quand j'ai appris qu'on allait le pendre, que mon coeur s'est brisé. Lui, il y a longtemps, longtemps qu'il m'aime ; bien souvent, je me levais la nuit pour regarder par la croisée de la ferme, et toujours je le voyais guettant sous le grand pommier qui est de l'autre côté du chemin. Le croiriez-vous, cela me faisait rire et je me disais :
Le drôle de petit gars ! le drôle de petit gars !
Mais hier ! ah ! Seigneur mon Dieu ! que j'ai pleuré !
Ses yeux étaient encore tout pleins de larmes. Reine l'attira contre elle et la baisa.
-Ah ! mais j'ai pleuré, poursuivait Simonnette, qui riait parmi ses

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