Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

c'est égal, je n'ai pas de rancune : mon bon conseil, je vous le donne gratis et pro Deo, comme disait
Quentin de la Villegille, porte-lance de M. le connétable. Les soudards et cavaliers de ce Méloir sont maintenant à Tombelène ou bien près, pas vrai ? Eh bien ! quand ils vont voir les oiseaux dénichés, ils seront de méchante humeur. Ils ont des chiens et les chevaux vont plus vite que les hommes. Les chiens n'ont guère de nez dans le brouillard, c'est le veneur lui-même qui l'a dit ; mais on leur mettra le museau dans nos traces fraîches, et alors...
-C'est vrai ! s'écria Aubry.
-Bon ! bon ! fit Bruno ; maintenant, chacun va me couper la parole, je m'y attendais !
-Que faire ? demanda Maurever.
-Voilà ! J'ai vu plus d'une poursuite dans les grèves.
Olivier de Plugastel, chevalier, seigneur de Plougaz, échappa aux Anglais tenant garnison à Tombelène, pas plus tard qu'en l'an quarante-deux, en suivant le cours de cette rivière où nous sommes. L'eau qui coulait sur le sable effaçait, à mesure, la trace de ses pas.
-Suivons donc la rivière ! dit Aubry.
-La rivière, en descendant, est pleine de lises, fit observer Jeannin ; en remontant, elle nous mène dans la partie la plus dangereuse des grèves. Et si nous ne nous hâtons pas de gagner la terre, ce brouillard se lèvera. Nous resterons à découvert au milieu des grèves.
Cela était si complètement évident, que personne n'y trouva de réplique. Le frère Bruno lui-même se gratta l'oreille et ne répondit point.
-Marchons à reculons, reprit Jeannin, le plus vite que nous pourrons. Le veneur collera son oeil contre terre et voudra connaître nos traces. Ils font toujours comme cela. Quand le veneur aura connu nos traces, il voudra mettre sa raison à la place de l'instinct des chiens, et nous serons sauvés.
-Oh ! Peau-de-Mouton ! Peau-de-Mouton ! s'écria Bruno, tu ne vivras pas : tu as trop d'esprit ! Allons ! vous autres, à reculons !
On se remit en marche, selon l'avis du petit coquetier.- Dix ou douze minutes se passèrent,- Maurever avait de nouveau commandé le silence.
Au bout de ce temps, Bruno quitta son poste d'arrière-garde, et, sans

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