Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

Monsieur Hue mit pied à terre au bas du perron avec sa fille et Aubry de Kergariou. Il entra sans prononcer une parole et prit tout droit le chemin connu de la chambre ducale.
Sur les marches de l'escalier où jadis sonnait, tout le jour durant, le pied de fer des sentinelles, il y avait un petit enfant qui pleurait.
Le petit enfant pleurait, parce que deux beaux chiens de courre, de ceux qu'on appelait fidéliens, et dont les statues de marbre sont aux pieds des ducs de Bretagne, couchés sur leurs tombeaux, refusaient de jouer avec lui.
Les deux chiens étaient étendus, le col allongé, la tête renversée, et hurlaient plaintivement.
Hue de Maurever s'arrêta. Son coeur se serrait. Cette solitude avait quelque chose de poignant et de terrible, pour l'homme qui avait vu à d'autres époques le palais ducal encombré d'or et d'acier retentir de bruits si joyeux.
-Monseigneur le duc est-il en son réduit ordinaire ? demanda-t-il à l'enfant.
-Monseigneur le duc est à l'hôtel de Richemont, répondit celui-ci sans hésiter ; quand il va venir ici, les chiens sauteront et l'on pourra jouer. Je parle du duc Pierre, qui se porte bien, oui !
-Le duc François est-il donc déjà mort ?
-Oh ! non ! répliqua l'enfant avec un soupir ; on disait qu'il mourrait ce matin, mais il ne meurt pas encore ! Monsieur Hue monta les degrés.
Aubry et Reine le suivirent, la tête baissée. L'enfant disait :
-Oui, oui, le duc Pierre se porte bien ! Il amènera des soudards ; il leur donnera du vin. Les soudards chanteront ; les chiens sauteront, et l'on rira !
Tout ragaillardi par cette pensée, le blond chérubin fit la cabriole sur les dalles du vestibule et cria :
-Maître Guinguené ! as-tu bientôt fini de souder le cercueil ?

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