Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

Julien était assis entre son père et sa mère. Tout le monde l'interrogeait des yeux. Il y avait sur son visage une émotion grave et triste.
-Quand monsieur Hue de Maurever, commença-t-il avec lenteur, me conduisit au château du Guildo, apanage de monsieur Gilles de Bretagne, je vis de belles fêtes, mon père et ma mère ! Il était jeune, monsieur Gilles de Bretagne et fier, et brillant.
Maintenant, il est couché dans un cercueil de plomb, sous les dalles de quelque chapelle. Et tout le monde sait bien qu'il est mort empoisonné !
-Mon fils Julien, dit Simon Le Priol, nous avons prié Dieu pour le salut de son âme. Que peuvent faire de plus des chrétiens ?
-Nous autres ! répliqua le jeune homme en jetant un regard sur son habit de paysan, rien... mais monsieur Hue de Maurever est un chevalier !
Voilà ce qu'ils disent, mon père et ma mère, sur le marché de Dol :
Notre seigneur François était jaloux de monsieur Gilles, son frère. Il le fit enlever nuitamment du manoir du Guildo par Jean, sire de la Haise, qui n'est pas un Breton, et Olivier de Méel qui est un lâche ! Jean de la Haise enferma monsieur Gilles dans la tour de Dinan. Et comme le pauvre jeune seigneur, prisonnier, faisait des signaux au travers de la Rance, Robert Roussel- un damné !- l'emmena jusqu'à Châteaubriant où les cachots sont sous la terre.
Les cachots de Châteaubriant ne parurent point pourtant assez profonds. Jean de la Haise et Robert Roussel mirent leurs hommes d'armes à cheval par une nuit d'hiver, et conduisirent monsieur Gilles à Moncontour.
À Moncontour, il y a des hommes. On plaignait monsieur Gilles.
Jean de la Haise et Robert Roussel fermèrent sur lui les portes de la forteresse de Touffon.
Et comme Touffon est trop près d'un village, on chercha encore. On trouva, au milieu d'une forêt déserte, le château de la Hardouinays, où monsieur Gilles a rendu son âme à Dieu...
Mon père et ma mère, je ne suis qu'un vilain, mais mon coeur se soulève à la pensée de ce qu'a dû souffrir le fils de Bretagne avant de mourir.

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