Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

envenimé qui pût venger sa défaite, car il était vaincu, lorsque le pas d'un cheval se fit entendre sur le chemin.
Tout le monde se leva.
-Julien ! Julien ! s'écria-t-on, Julien Le Priol ! nous allons avoir des nouvelles de la ville ! Le cheval s'arrêta en dehors de la porte qui s'ouvrit. Julien Le Priol, fils de Simon, entra.
C'était un beau gars de vingt ans, fortement découplé : cheveux noirs, oeil vif et franc, un gars qui s'était plus souvent tourné, pour respirer, du côté du bon air des grèves que du côté de l'atmosphère lourde et tiède du Marais. Il baisa sa mère et Simonnette.
-Quelles nouvelles, garçon ? demanda le père.
-Mauvaises ! répliqua Julien, en jetant sur la table les lames de faux qu'il était allé acheter chez le taillandier de Dol ; mauvaises ! Ce ne sont pas des malfaiteurs qui ont saccagé le manoir de Saint-Jean et ce n'est pas par dérision qu'on a planté au bas du perron le poteau de la justice ducale. Monsieur Hue de Maurever, notre seigneur, est accusé de haute trahison.
-De haute trahison ! répéta Le Priol stupéfait.
Les nouvelles, en ce temps-là, ne couraient point la poste.
Le hameau de Saint-Jean, qui était situé en vue du Mont, à cinq ou six lieues d'Avranches, ne savait pas encore ce qui s'était passé, à quinze jours de là, dans la basilique du monastère.
Une nuit de la semaine qui venait de s'écouler, le manoir de Saint-Jean avait été saccagé de fond en comble par des mains invisibles. Les villageois effrayés avaient entendu des chants et des cris. Le lendemain, il n'y avait plus un seul serviteur au manoir désolé.
Et, devant la grand'porte, un écriteau aux armes de Bretagne portait ces mots que Vincent Gueffès avait déchiffrés : Justice ducale.
Du reste, les maîtres étaient absents depuis du temps, et, quand les pillards étaient venus, ils n'avaient trouvé que des valets au manoir.
Le lendemain, à travers les fenêtres désemparées, les gens du village avaient jeté leurs regards à l'intérieur du château. Il n'y avait plus que les murailles nues.

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