Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

blancs des vieillards.
Monsieur Hue de Maurever mit instinctivement la main à son épée, mais il la repoussa aussitôt à cause de son serment.
Il sortit de la tour sans songer à troubler le sommeil d'Aubry. On avait encore dix minutes. Aubry pouvait dormir.
Monsieur Hue fit le tour de l'enceinte et jeta un coup d'œil satisfait sur les défenses improvisées.
-Ce moine conteur d'histoires est un précieux soldat, pensa-t-il ; les limiers ébrécheront leurs dents contre ces pierres !
Il est arrivé ainsi derrière Reine et Simonnette au moment où les deux jeunes filles, paralysées par la terreur, cherchaient la force de crier au secours.
Maintenant, depuis que Simonnette et Reine n'étaient plus là, il restait seul, collé au mur de la cabane.
L'homme d'armes enjamba le parapet de l'enceinte, puis il chercha à s'orienter, tandis que ses compagnons montaient.
Comme il descendait le long de la cabane, Hue de Maurever lui mit brusquement la main sur la bouche. L'homme d'armes voulut crier.
La main du vieux Hue était un fier bâillon : la voix de l'homme d'armes s'étouffa dans son gosier.
De son autre main, monsieur Hue le saisit à la ceinture et le souleva comme un paquet.
-Or ça, dit-il, en se montrant sur le mur avec son fardeau, et en s'adressant à ceux qui grimpaient à l'escalade : Pensez-vous avoir affaire à de vieilles femmes endormies ? J'ai juré Dieu que je ne me servirais point de mon épée contre les sujets de mon seigneur François de Bretagne ; mais avec des coquins tels que vous, pas n'est besoin d'épées : on vous chasse avec des ordures !
Ce disant, il lança le pauvre homme d'armes sur la tête des assaillants qui tombèrent pêle-mêle au pied du roc.
-Oh ! le digne et brave seigneur ! s'écria le frère Bruno qui revenait avec un sac plein de coques ; oh ! le joyeux soldat ! Voilà une histoire que je conterai longtemps !
Et faisant son travail mnémotechnique, il ajouta entre ses dents :
«En l'an cinquante, à Tombelène, Hue de Maurever, qui soutient un siège avec des ordures, contre des malandrins, lesquelles ordures sont une partie des malandrins eux-mêmes, que monsieur Hue prend à poignée et jette à la tête les uns des autres malandrins.»

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