Texte intégral du livre :

"LA FEE DES GREVES" par Paul Féval Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

La Fée des Grèves de Paul Féval

La route la plus sûre, par rapport aux dangers de la chasse, aurait été celle qui mène directement à Avranches et au bourg de Genest ; mais cette partie de la grève, sillonnée par d'innombrables ruisseaux, affluents de la Sée et de l'Hordée, présente des difficultés si graves qu'on s'y hasarde à regret, même par le grand soleil. Par la brume, c'eût été folie.
Le petit Jeannin, qui avait pris d'autorité l'emploi de guide, marcha sans hésiter à l'est du mont Saint-Michel, dans la direction du bourg d'Ardevon, limite extrême de la Normandie.
Nous sommes bien forcés d'avouer que le petit Jeannin avait les jambes un peu trop longues pour la robe de Reine, et que ses mouvements hardis et découplés n'allaient pas au mieux avec le chaste voile qui descendait sur ses cheveux blonds.
Mais, à part ces détails, le petit Jeannin faisait une Fée des Grèves très présentable, et d'ailleurs il n'est pas mauvais qu'une fée ait en sa personne quelque chose d'excentrique. Ce serait bien la peine d'avoir un charme dans son petit doigt et de chevaucher sur des rayons de lune, si on ressemblait trait pour trait à une demoiselle de bonne maison !
Jeannin avait de beaux cheveux bouclés, de grands yeux bleus et un sourire espiègle. C'était plus qu'il ne fallait.
N'eût-il rien eu de tout cela, le brouillard, en ce moment, aurait encore suffi à déguiser la supercherie.
C'était un vrai brouillard, un brouillard à ne pas voir son nez, comme on dit entre Avranches et Cherrueix.
À peine les gens qui composaient la caravane eurent-ils quitté le sommet de Tombelène pour entrer dans cet immense nuage, qu'ils cessèrent incontinent de s'apercevoir les uns et les autres.
Ils marchaient côte à côte cependant. Chacun d'eux pouvait entendre le pas de son voisin et sentir le vent de son haleine.
Mais l'oeil était pour tous un organe désormais inutile.
On ne distinguait rien. Pour apercevoir le sol vaguement et comme à travers une gaze, il fallait s'agenouiller.
Frère Bruno étendit son bras et sa main disparut dans la brume.
-Allons ! dit-il, voilà qui est bon ! ça me rappelle l'aventure du bailli de Carolles et de son âne. Ils se cherchaient tous deux dans le brouillard, devant le rocher de Champeaux. L'âne et le bailli firent soixante-dix-huit

Sommaire du livre La Fée des Grèves de Paul Féval

PAGE
SUIVANTE
La Fée des Grèves

RETOUR AU SOMMAIRE DU SITE MONT SAINT MICHEL - MONT SAINT MICHEL

Partenaires