Texte intégral du livre :

"LE PELERINAGE D'UN ENFANT AU MONT SAINT MICHEL AU QUINZIEME SIECLE"

par ETIENNE DUPONT. Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

haute de près de trois pieds; elle grondait en faisant tomber les berges minées; d'énormes blocs de tangue, délayés par l'eau, y tombaient lourdement et les îlots que la mer formait en remontant le lit des petits ruisseaux, tributaires de la grande rivière, diminuaient rapidement de surface.
Tout à coup, sur l'un d'eux, le frère hospitalier aperçut un point noir qui s'agitait; ce point courait en tout sens ; il se rapprocha même de la rive, mais un bras de mer barrait déjà la route. Le frère se précipita de ce côté; à trois cents mètres, il distingua un enfant; déjà le flot l'atteignait; l'eau lui monta aux jambes, aux genoux à la ceinture; il aperçut deux bras. qui s'agitaient : une seconde après le corps disparaissait.
Glacé d'épouvante, le religieux, impuissant à porter secours à l'infortuné, était cloué sur place :
"Saint Michel, s'écria-t-il, sauvez cet enfant !"
Il n'avait pas achevé sa prière, que la barre en passant devant lui, jetait sur la rive, presqu'à ses pieds, le corps du petit malheureux.
L'enfant avait perdu connaissance, mais il vivait certainement encore, car l'immersion avait été de courte durée et un souffle léger passait sur ses lèvres décolorées. Un autre frère, attiré par le cri du religieux, était accouru. Tous les deux portèrent l'enfant dans la cour de la maladrerie, ils le frictionnèrent

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