Texte intégral du livre :

"LE PELERINAGE D'UN ENFANT AU MONT SAINT MICHEL AU QUINZIEME SIECLE"

par ETIENNE DUPONT. Liens vers pages suivante, précédente et sommaire du livre en bas de page.

saluèrent l'aurore, dans les tours de Genêts, d'Ardevon et de Beauvoir, tandis qu'une oreille exercée pouvait distinguer le gros bourdon de la cathédrale d'Avranches, qui résonnait, lui aussi, a trois lieues de distance, en l'honneur de son glorieux évêque. Sur les grèves apparurent de longues grappes humaines; elles formaient comme des fils noirs reliant les côtes normande et bretonne à l'abbaye-forteresse.
Mais, ce jour-la, ce n'étaient point les pèlerins étrangers qui venaient au Mont; la fête conservait un caractère vraiment familial; c'étaient les enfants de l"abbaye, sortis de ses entrailles, nourris par elle, protégés par elle, aimés d'elle, depuis le berceau jusqu'à la mort et même au delà du tombeau, puisque, chaque jour, des prières s'élevaient de son église pour le repos des âmes des fidèles vassaux et des pieux serviteurs.
Aussi, à tous les offices, depuis la première messe basse jusqu'à la grand messe, où l'abbé officia pontificalement et aux vêpres, où fut chanté un salut du Très-Saint-Sacrement et un Te Deum d'actions de grâces, dans ce chœur, plein d'encens, de lumières et de fleurs, où brillaient les manteaux des chevaliers de Saint Michel et la pourpre des ornements, dans ces nefs, remplies de paysans, de marins, de pêcheurs, de bourgeois de la ville, des vassaux

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